Mémoire d'étude - Diplôme de L'ENSAD (Arts décos de Paris- Mention Félicitations du Jury - Disponible à la consultation à la bibliothèque de l'ENSAD

Rédaction : Sophie Dartigeas / Directeur de mémoire  : Christophe Bourguedieu


Passionnée par les interrogations et les représentations qu’engendre la ville contemporaine, j’ai choisi d’écrire un mémoire qui esquisse un panorama de la photographie contemporaine sur la société urbaine et sur les questionnements qu’elle pose aux hommes.
Gardant à l’esprit le lien privilégié qu’entretiennent la ville et la photographie depuis l’invention du medium, le propos du mémoire se situe dans un va et vient permanent entre la ville et l’image. Par beaucoup d’aspects, la pratique photographique «documentaire» au sens large, (entendons «du réel») semble s’apparenter aux problématiques ethnologiques, et y compris dans la vocation d’un «portrait de culture» d’une époque. Les images évoquées tout au long du mémoire ne sont certes pas de «simples enregistrements du réel», et on ne peut pas percevoir la photographie comme document pur, mais elles ont bien en elles ce qui, dans le réel, a arrêté le photographe observateur, ce qui l’a point. Et cela reste valable dans le cas de photographies plus construites, issues d’une reformulation de cet état.
À l’instar de la démarche du photographe (qui confronte ses idées et opinions au réel de la «matière » et de la ville), je me suis aussi demandée : « De quoi tout cela se compose t’il ? ».
« Cela » ne renvoyant pas uniquement à la ville mais aussi au champ de la photographie qui l’explore.
J’ai pu confronter des idées ou notions (issues d’expériences quotidiennes et de textes littéraires et ethno-sociologiques) à l’image qu’en proposent les photographies.
De même que le bouleversement marquant la modernité (à la charnière du XIXème et du XXème siècle), celui marquant la surmodernité à l’heure du passage à l’an 2000 s’est avéré passionnant à décrire. Littéraires, sociologues, artistes et photographes se trouvant sensibles au malaise et au caractère étrange et nouveau de ce que secrète la mégapole, en ont naturellement fait le sujet de leurs travaux.
Toutes ces notions nouvelles qu’il a fallu définir, et auxquelles il a fallu s’habituer ont trouvé écho dans des projets visuels, faisant des images, des oeuvres ayant une portée immédiate pour l’homme contemporain, concernant son rapport à l’espace, à l’autre, et à sa société.
C’est à travers ce découpage que j’ai observé l’approche des photographes sur leur société.
La première partie aborde, par des transcriptions visuelles, ce qui caractérise le « paysage » contemporain de la ville : son uniformisation et sa standardisation, ses limites et son expansion, la cohabitation des temps et la prépondérance des images, des codes et des « machines » technologiques.
La seconde partie se concentre sur les images mettant en exergue les rapports humains, l’image de l’autre et de l’altérité dans l’espace public du métro et de la rue. Il y est également question de la pratique et l’arpentage de la ville ; le trajet et la marche devenant pour certains photographes l’essence et l’outil même de leurs réalisations plastiques.
Enfin, la troisième partie s’attarde sur les pratiques sociales, les activités, usages et gestes dans la société urbaine (la société occidentale étant presque entièrement devenue société urbaine). Dans cette idée d’urbain diffus, je suis aussi «sortie» de la ville à travers des images empreintes de notions urbaines dans des espaces «naturels» éloignés du ventre de la mégapole.